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l'Estuaire de la Gironde, un autre regard...
« On dit qu’un jour la Garonne et la Dordogne se seraient rencontrées au Bec d’Ambès. Chacune voulant passer la première et refusant de laisser la priorité à l’autre, elles se seraient violemment disputées. Finalement, elles se sont mises d’accord et auraient déclaré : j’irons deux ! ».
Depuis, ça coule de source, un enfant est né. Nommé Gironde, ce grand gaillard poursuit son histoire laissant ses veines traverser nos terres et leur donner la vie. Créateur puissant mais vulnérable, il souffre en silence subissant les blessures affligées par le temps et les hommes. Il a bercé et bercera des milliers d’embarcations laissant l’homme l’apprivoiser. Imprévisible, il fait trembler les âmes malgré lui. Mais qui est ce personnage étrange ? Qui est cet Estuaire si généreux et si impitoyable parfois ?
Couloir de migration des oiseaux, habitat des poissons, l’Estuaire de la Gironde est une fenêtre sur l’ailleurs, où se mêlent ciel et mer, eau douce et eau salée. Au rythme effréné des saisons, il compose toute une symphonie… Ecoutez-le ! N’entendez vous pas ? Tel un chef d’orchestre, il fait jouer ses instruments. Les arbres, les roseaux sont ses violons et les vagues ses percussions, lorsqu’elles clapotent sur les coques fragiles des bateaux.
De nombreux témoignages font de cette exposition un recueil unique. Des tranches de vie y sont relatées et c’est l’âme du territoire qui jaillit ! Vous y découvrirez comment il s’est forgé ce caractère si singulier et comment les hommes ont vécu et vivent à ses côtés.
Pour le découvrir, nous vous proposons cette exposition qui se veut vivante et authentique à la fois. A travers elle, petits et grands, d’ici ou d’ailleurs, seront bercés par son histoire d’hier et d’aujourd’hui. Elle vous embarquera avec elle sur les flots de bronze pour partager la vie du plus grand estuaire d’Europe.
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Passeport d'un Estuaire
La Gironde est le plus grand estuaire d’Europe. Long de 80 km,jusqu’à 13 km de large, l’estuaire de la Gironde se situe sur 2 régions : Aquitaine et Poitou-Charentes. Il arrose 2 départements, la Gironde dont il constitue 24% du domaine maritime et la Charente-Maritime. D’une superficie de 635 km2, il est le débouché du fleuve Garonne et de la rivière Dordogne.
La Dordogne et la Garonne naissent dans les montagnes, s’écoulent sur des centaines de kilomètres et finissent leur route dans l’océan. Avant d’arriver, elles se rencontrent, s’élargissent et forment l’estuaire de la Gironde.
• Il existe aujourd’hui deux définitions de l’estuaire:
Certains considèrent que la zone estuarienne est la partie où l’eau n’est ni vraiment douce ni vraiment salée. Les limites de notre estuaire seraient donc : La pointe du Bec d’Ambès, face au château Tayac, jusqu’à la pointe de Grave sur la rive gauche, point d’embouchure dans l’océan Atlantique et la pointe de Suzac sur la rive droite.
D’autres considèrent que ce qui importe est l’effet dynamique de la marée. La zone estuarienne s’étendrait, donc, jusqu’à l’endroit où la marée se fait ressentir. C’est ce que l’on appelle l’onde de marée.
Les limites seraient Casseuil sur la Garonne et Pessac-sur-Dordogne, où la marée se fait encore sentir.
Les limites des rivages estuariens ont évolué au cours de l’histoire. S’il ne fait aucun doute que Bourg fut « sur-Gironde », il n’en reste pas moins que la ville veille sur la Dordogne depuis la fin du Moyen-Âge.
• Clair comme de l’eau de roche ?
Si on a pour habitude de faire suivre l’Estuaire de : “la Gironde”, il mérite de s’interpeller sur la justification de cette dénomination. En effet il ne porte pas le nom du fleuve auquel il sert d’embouchure. La Gironde est l’estuaire du fleuve Garonne et la Dordogne n’est qu’un affluent de la Garonne. « Ausone au IVème siècle et Grégoire de Tours au VIème siècle appellent Garumna (Garonne) le cours d’eau devant Blaye. Le terme de Gironde n’existe pas encore » (d’après Didier COQUILLAS).
Gironde viendrait de la contraction de girus undae, undae signifiant “eau agitée” et girus signifi ant “qui tourne en rond”. « A partir du XIème siècle, le terme Gironde se généralise, sous des orthographes très variées : Gerundam fluvium, Gyrundam, Gerunde, Girunde, Girundia » (d’après Didier COQUILLAS).
Gironde appartiendrait à toute une famille de noms : Ingrandes, Egurande, Guirande, Girande, Eyrans… dont le mot primitif Ecoranda signifiait “la frontière” ou “la limite administrative”. En effet, la Gironde aurait joué un rôle de frontière naturelle à plusieurs reprises.
Elle séparait les cités de Saintes et de Bordeaux, dès le Haut Empire romain et servait de limite entre les états du Nord (royaume franc, domaine carolingien) et l’Aquitaine.
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Goutte à Goutte, l'eau creuse la pierre
• Naissance de l’Estuaire
L’estuaire est situé sur la bordure septentrionale (nord) du bassin Aquitain. Celui-ci constitue une vaste dépression triangulaire ouverte sur l’Atlantique comblée de sédiments (dépôt de matières naturelles).
• Impact de la tectonique ou mouvement de l’écorce terrestre
Les formes tectoniques de notre région sont anciennes et souvent antérieures à la formation des Pyrénées (à partir de 50 millions d’années). Elles permettent d’expliquer les grandes lignes du paysage actuel de l’Estuaire. En effet, le cours de la Gironde se superpose directement à la faille dite « de Gironde ». Il s’agit de 2 grandes cassures situées à l’emplacement même de l’Estuaire. Elles ont fortement contribué à sa localisation et à son évolution. De plus, des fractures secondaires, souvent perpendiculaires à cette grande faille, ont concentré tous les affluents de la Gironde. Ex : la Livenne, Le Moron, le Brouillon…
• Impact de l’hydrologie ou le travail de l’eau
L’eau est l’élément capital dans l’évolution des reliefs. L’eau de pluie ruisselle à la surface des sols, suit pentes et failles et forme des rigoles. L’érosion commence alors. Le ruissellement s’organise. Des chenaux permanents se forment. Les rivières se mettent en place et collectent les eaux de nouveaux chenaux.
• Les mouvements de la mer
Les transgressions (remontées du niveau de la mer) favorisent le comblement des vallées. Les régressions (baisses du niveau de la mer) accentuent les phénomènes de creusement et d’encaissement des rivières.
• La Gironde vient du Sud !
5 millions d’années furent nécessaires à la mise en place actuelle de notre Estuaire. En effet, la Garonne resta « bloquée » au sud du département par un type de relief, appelé « l’anticlinal de Villagrains ». Mais, la Garonne, par sa propre progression et grâce à l’érosion, put franchir cet obstacle, il y a 2 millions d’années. Elle rejoignit alors la Dordogne et L’Isle. La confluence primitive de ces rivières se situait plus au sud que l’embouchure actuelle et l’Estuaire ne prit sa place définitive qu’il y a 30 000 ans.
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Nager entre deux eaux...
• Le mélange des eaux
L’estuaire est un lieu d’échange. L’eau de mer se mêle à l’eau douce de la Dordogne et de la Garonne. L’eau de l’estuaire est appelée saumâtre car elle n’est ni franchement douce, ni franchement salée.
• Flots de bronze
Pourquoi l’eau de l’estuaire paraît-elle si sale, si boueuse, alors que l’eau qui descend de la montagne ou celle de l’océan est si claire ?
Au cours de leur périple, la Garonne et la Dordogne arrachent des matières, des sédiments (sable, terre…) qui sont ainsi transportés sur plusieurs centaines de kilomètres. Dans l’eau douce, les fines particules argileuses se déplacent individuellement mais lorsqu’elles entrent en contact avec l’eau salée, elles se retrouvent bloquées et s’accumulent.
On estime que la Gironde charrie chaque année de 2 à 8 millions de tonnes de particules en suspension dont seuls les deux tiers sortent de l’estuaire. Une partie est piégée dans l’estuaire et forme le bouchon vaseux, le reste se dépose et forme bancs de sables et vasards.
Le bouchon vaseux s’étend sur plusieurs dizaines de kilomètres et se déplace d’amont en aval. Sa position varie selon les saisons à cause du débit fluvial. En effet, en hiver le débit du fleuve augmente et le bouchon vaseux est repoussé à l’embouchure et peut être évacué vers l’océan. Mais le phénomène est rare. En été, le fleuve est bas, son débit est faible, le bouchon remonte en amont parfois même jusqu’à la limite de la marée dynamique : La Réole et Pessac-sur-Dordogne.
• Ça drague !
La vase qui s’accumule empêcherait le bon fonctionnement des deux chenaux de navigation: le chenal de Saintonge sur la rive droite et le grand chenal du Médoc sur la rive gauche, désigné comme «la voie royale» pour remonter le fleuve jusqu’à Bordeaux.
Les bateaux du Port Autonome de Bordeaux, curent ces deux chenaux, 7 jours sur 7, 46 semaines par an. Ils aspirent la vase à l’aide d’énormes tuyaux et l’évacuent à l’aide de bennes.
E S T U A I R E
“En remontant le long des rives
En silence et voilé d’une toile éclatante
J’avance en territoire primaire (…)
Je veux y voir la roseraie et les vases cambrées
Les couches secrètes aux hérons découpés
Sur un ciel de boue bleue, dorée et brutale
Je veux ce jour sans murs aux hommes oubliés
Le temps d’une respiration, d’un souffle….”
© Christophe PILARD
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Un paysage de tradition et d'authenticité
• Sur les rivages, point de plage !
Mais de longues langues de vase, plantées de roseaux, jonchés de bois flottés enchevêtrés, charriés par le fleuve. Des carrelets, derniers témoins muets d’une vie fluviale abondante et riche, offrent aux promeneurs silencieux un paysage de paix.
• Des rivages qui se transforment au fil du temps
Dans l’estuaire de la Gironde, les hommes du passé ont pu connaître à chaque époque de l’histoire, un rivage original et différent qui n’avait aucun lien avec celui de leurs ancêtres ou de leurs descendants. Les littoraux estuariens se sont transformés et se transforment toujours.
La période néolithique entre 6000 et 2000 ans av. J.-C. a vu la remontée des eaux et l’engloutissement de tout ce qui était antérieur sous les sédiments.
La fin du Moyen-Âge coïncide avec l’invasion dunaire de la côte atlantique, l’encombrement du cours de l’estuaire par de nouveaux atterrissements (bancs de sable, vasards, îles).
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L'estuaire à la croisée des richesses
• Les métiers liés au fleuve
« Les Rocailles », étaient ouvriers agricoles, carriers mais aussi travailleurs de la mer et du fleuve, pêcheurs, pilotes au long cours, commandants de paquebots, médecins de bord, gabiers (matelots qui grimpent dans les voiles pour les réparer), ramendeurs, lamaneurs (marin chargé de l’amarrage des bateaux). Beaucoup faisaient le tour du monde et ramenaient denrées rares, épices et arbres exotiques.
• Les ports
De nombreux petits ports longent le fleuve. Certains ports et chenaux ont connu d’importants aménagements, afin de faciliter l’accès des bateaux et augmenter le trafic de la pierre, des vins et autres marchandises. A bourg par exemple, l’activité était intense et permettait d’alimenter la Guienne, ancienne Aquitaine.
• Chantiers navals
Les chantiers navals se dressaient sur le bord du fleuve. « On y réparait les voiles et à l’occasion des gabares » se souvient M. Micheau.
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Quand le vapeur croisait la gabare
• Le transport des marchandises
L’estuaire a permis le transport de la pierre blonde de Bourg à l’aide des nombreuses gabares qui y circulaient. Grâce à ses qualités remarquables, la pierre fût utilisée pour la construction de nombreux édifices Bordelais tels que les fondations du Grand Théâtre au XVIIème, de la Bourse maritime, de l’église Saint-Louis, du Musée d’Aquitaine, du Palais de Justice, de la cathédrale Saint-André, de l’église Saint-Michel,des façades intérieures de la place de la Bourse (anciennement la place Royale), de l’église Saint-Projet et du Château Trompette. Localement, on peut apprécier à la Libarde et à Tauriac des sarcophages mérovingiens du “Plantier neuf”. A Bourg, la pierre a permis la restauration de L’Abbaye Saint-Vincent au XIVème siècle et de la crypte de la Libarde.
• Les gabares, reines du fleuve
A Bourg, celle de M. Piquemal a permis le transport de personnes mais aussi de marchandises.
« On faisait des excursions sur l’île verte, en famille. Pendant la guerre, mon père transporta des passagers, surtout des amis et des voisins lorsqu’ils voulaient aller à Bordeaux, les ponts étant coupés », évoque Mme Bernard.
• « Ce n’était pas du temps perdu »
Sans voile, sans rame, « les vapeurs » ont navigué sur l’estuaire. Ceux ci permettaient le transport des voyageurs, qui était très important car l’automobile était peu utilisée. Le bateau était avec le train, le moyen de partir vers Blaye, d’aller sur les îles et de rejoindre Bordeaux. On l’utilisait pour toute les occasions : courses, foires, fêtes, vendanges, excursions dominicales. Depuis 1820, ce sont les bateaux à roues à aubes qui assurent ce transport 4 jours sur 7.
En 1900, les transports sont l’occasion de faire des rencontres, de discuter, de tisser des liens d’amitié, de se retrouver entre amis lors des excursions.
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L'estuaire ou le royaume de la pêche
• La pêche dans l’estuaire fut abondante et “miraculeuse”.
De tradition familiale, la vie de pêcheur commençait très tôt. Dès 14 ans, comme mousse, on apprenait très vite à repérer bancs de sable dangereux et bancs de poissons. La connaissance de l’estuaire par les pêcheurs était exceptionnelle. Polyvalents, certains fabriquaient leurs filets, les raccommodaient à l’aide de navettes (aiguilles de bois d’acacia effilé). Ils clissaient les cantines (on les recouvrait de cordage), tressaient des tapis à l’aide de cordages. Si la saison était mauvaise, ils fabriquaient des filets pour Bordeaux, comme les entreprises Larieu.
• Les poissons de l’estuaire
Beaucoup d’espèces peuplent l’estuaire et certaines font encore aujourd’hui le bonheur des gourmets grâce à leurs qualités culinaires.
Le mule : on y trouve des bancs de mules et de mulets qui se pêchent au filet, mis à l’eau et tenu par deux bouées, le plus silencieusement possible. On tape bruyamment dans l’eau afin d’effrayer le poisson qui se réfugie dans les filets.
La lamproie : sa pêche s’étale de février à avril. Il existe 2 espèces qui remontent l’estuaire pour se reproduire. La plus grosse (de 60 à 80 cm et de 700 à 900 g) est la lamproie marine. La “fluviatile” ou lamproie de rivière est nettement plus petite.
L’alose : d’avril à juin, elle emplit les marchés et les fêtes régionales. La grande alose ou alose vraie (jusqu’à 60cm et 3,5kg) et l’alose feinte plus connue localement sous le nom de gatte (1,2 kg maximum) fréquentent les eaux de la Gironde. Elles remontent l’estuaire dès le mois de mars et se reproduisent en mai-juin, dans la zone de la marée dynamique pour l’alose feinte, et plus en amont pour l’alose vraie. L’arrivée des jeunes alosons se fait en juillet-août.
Le maigre : sa pêche a lieu du 15 juin à la fi n du mois d’août. Au moment de la reproduction, les poissons “chantent”. On dit qu’ils seillent « On les chassait au son. Vers 4 ou 5 heures de l’après-midi, les poissons chantent ; après le coucher du soleil, c’est fi ni. Tous le bateaux sont sur l’eau, immobiles, silencieux, tout le monde écoute, cherche… Chacun a sa méthode.
Quand on les a trouvés, on les “accourse” ». Propos de Jacky Pouget dans Estuarien Janvier 2005.
Les crevettes : pour attraper des crevettes, on accroche le long du chenal et du ponton quelques balances, petits filets inférieurs à 1m2. On utilise aussi le carrelet.
L’anguille : on la pêche au carrelet, à la ligne mais aussi avec la bourgne, un long panier d’osier ou d’acier que l’on mouille en face du ponton.
La pibale : petit de l’anguille, elle est minuscule et translucide. Pêchée au filet, selon la technique du drossage (on tracte 2 grands filets de 1m20 Ø), elle devient rare et coûte très cher.
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L'or noir de l'estuaire
• Le caviar
Entre 1900 et 1920, les “oeufs” (ovules) de la créa (nom local donné à l’esturgeon), sont un appât pour la pêche à la sardine ou sont donnés aux poules et aux canards « ça fait pondre ! » dit-on. Puis, dans les années 20, la culture russe arrive en France et à Paris. Elle connaît un franc succès ! Ainsi le caviar prend-il son essor. Quelques négociants, dont M. Sutra, de nationalité russe, et M. Prunier arrivent dans la région et achètent les “oeufs” à tous les pêcheurs de l’Estuaire, de la Garonne et de la Dordogne, entre 12 et 15 F le kg. Ce qui en ce début de siècle représente une coquette somme. Un poisson de 80 kg donnait environ 20 kg de caviar.
Cependant des petites entreprises familiales se créent localement. Quant à la fabrication, elle est très vite dévolue aux femmes.
• Les étapes de la fabrication du caviar
« Après la pêche, l’esturgeon laissé sur la cale était ouvert et les grappes d’ “oeufs”, ou rabbes, sont récoltées dans des paniers de bois. Elles étaient entreposées dans un endroit frais. Les “oeufs” étaient criblés (passés au crible ou tamis), pour les débarrasser de leur enveloppe. Les grains tombaient dans un saloir ou gardale où ils étaient salés. Ils étaient mis dans un tamis et on les laissait sécher un quart d’heure. Egouttés, mis en boîte, ils étaient laissés au frais ou dans l’eau de la fontaine. Les conserves étaient ensuite expédiées vers Paris ». d’après Souvenirs au Fil de l’Eau. Mme Teyssendié.
• La vente du poisson
Le caviar n’était pas vendu aux particuliers, mais « si on en voulait, on en mangeait, directement dans la fabrique, on ne le payait même pas » se souvient Mme Jacotot. Une amie renchérit « mais l’odeur était telle que ça écoeurait et vous ne m’en feriez plus manger aujourd’hui ». Souriante, elle se rappelle aussi : « Jeanne Magot a passé son permis de conduire en 1934 et a acheté une Peugeot pour transporter les conserves à Bordeaux ».
Souvent les femmes de pêcheur étaient matelots sur le bateau familial. Le jour qui suivait la pêche, elles vendaient le poisson à la criée. « Fauty du poisson frais là mesdames ? Les boucs (crevettes) y sont là les boucs ! » Elles vendaient les crevettes dans des grandes panières en osier et l’on entendait « crevettes toutes chaudes ». Elles livraient aussi la chair de l’esturgeon sur les marchés, aux habitants et au-delà !
• Les marchandes des rues
« D’autres partaient le matin de bonne heure, leur charrette à main remplie de poissons, crevettes, sardines, esturgeons entiers, qu’elles découpaient à la demande du client. Leur charrette était lourde, souvent, leur mari ou des enfants rencontrés dans la rue les aidaient à monter l’arceau ou la porte de la mer.
Elles s’installaient sous la halle et criaient : achetez mon poisson frais ! » d’après Souvenirs au Fil de L’eau Mme Teyssendié.